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L'équipe de l'Association de Sauvegarde du Temple réalise aujourd'hui des recherches dans les archives et nous sommes en cours de compilation et de traduction des documents. Attention, nous ne sommes pas ni des historiens, ni des traducteurs professionnels.
Si vous avez des informations, des photos, si vous désirez participer aux recherches ou apporter une correction n'hésitez pas à nous contacter.
Dans les années 1890, les protestants de Queuleu étaient 500 et représentaient 25% des cuculotins. Ils n'avaient pas de lieu de culte et devaient se rendre tous les dimanches à l'église de la paroisse Montigny-Sablon.
À partir de 1894, la paroisse avait organisé un culte toutes les trois semaines dans l'une des salles de l'école du quartier. Cette salle, trop petite, ne pouvait accueillir tous les pratiquants.
De la même façon, il n'y avait pas de lieu où l'enseignement religieux pouvait être dispensé aux 44 écoliers protestants du quartier.
À cette époque, les protestants craignaient de ne pas pouvoir continuer d'exister et d'être tôt ou tard intégrés dans l'église catholique. Dans les années 1890, on comptait déjà 51 mariages mixtes (catholiques et protestants) sur les 120 mariages célébrés. Ce n'était malheureusement pas toujours vu très positivement à la fin du 19ème siècle.
Tout pousse alors la paroisse protestante de Queuleu à s'organiser pour avoir son propre lieu de culte.
Temple de Queuleu - dessin d'élévation de la façade sud, Ludwig Lévy, 1901
Source : Archives municipales de Metz
En 1897, la paroisse protestante décide de lancer un appel aux dons pour la construction de l'église évangélique pour les quartiers de Plantières et Queuleu ("Aufruf zu Beiträgen für den Bau einer evangelischen Kirche zu Plantières-Queuleu in Lothringen"). Le document est signé par le Président du Consistoire, le Pasteur Braun et par l'architecte impérial, Monsieur Reh.
Les membres de la paroisse, bien que plutôt pauvres, signent un accord pour lancer un fonds et réussissent à réunir 6,600 Marks.
Le terrain est donné par Monsieur Bischoff, Bergassesseur (Ingénieur des mines) habitant à Queuleu.
L'Empereur Guillaume II contribue au projet en apportant 5,000 Marks. La rue du Roi Albert où se trouve le Temple s'appelle à l'époque Prinzessin-Victoria-Luisen-Strasse, nom de la seule fille de l'Empereur née en 1892.
En 1901, ce sont plus de 800 fidèles qui font partie du comité pour la construction du Temple. 9,500 Marks seront au total levés dans la seule communauté protestante de Queuleu.
La subvention du gouvernement s'élève à 80,000 Marks. La Gustav-Adolf-Verein (aujourd'hui Gustav-Adolf-Werk) et ses associations féminines apportent 16,000 Marks.
Le village de Kurzel (Courcelles-Chaussy) qui a eu un nouveau temple protestant financé par l’empereur fait don de ses anciens meubles au temple de Queuleu.
La construction coûtera plus de 100,000 Marks.
Voici une annonce de l'enseigne "Alfred Dérozier" située dans la Römerstrasse (actuelle rue Serpenoise) et parue dans le Metzer Zeitung du 22 octobre 1901.
Un œuf coûte 0,12 Mark chez Alfred qui a une clientèle plutôt haut de gamme. Par contre, vous pouvez avoir une douzaine d'escargots préparés pour 0,60 mark (soit 5 œufs).
La construction du Temple a donc coûté plus de 833 000 œufs de l'époque !
Source : gallica.bnf.fr / bibliothèques-médiathèques de Metz
L'appel aux dons pour la construction d'une église évangélique pour les quartiers de Plantières et Queuleu
("Aufruf zu Beiträgen für den Bau einer evangelischen Kirche zu Plantières-Queuleu in Lothringen").
Source : Archives Départementales de Moselle
La conception de la construction de l'église est faite par le professeur Ludwig Levy de Karlsruhe. Cet architecte allemand a réalisé les plans de nombreuses églises et synagogues en France, en Allemagne et au Luxembourg.
Les travaux de construction sont confiés à l'entrepreneur en bâtiment Schnitzler.
Le Temple est construit dans un style néoroman avec du grès rose et de la pierre de Jaumont, ce qui est très rare pour cette période.
"La taille des pierres joue sur le contraste entre le bossage rustique du calcaire et la finesse du grès, ainsi que sur l’effet polychrome qui en résulte." (source : Wikipédia).
Le Temple est aussi caractérisé par son unique clocher décentré et par la représentation du Christ en ronde-bosse.
Après 3 ans de travaux, le Temple protestant de Queuleu sera inauguré en 1904.
Le 27.03.1901 le consistoire reçoit une lettre du « président de district » dans lequel il confirme la réception des pièces du projet pour la construction d’un temple protestant à Plantières-Queuleu et pour les informer que Sa Majesté l'Empereur a donné son accord à la conception alternative de l'architecte Professeur Levy de Karlsruhe. La seule demande de Guillaume II sera de remplacer la fenêtre en cinq parties au-dessus du portail principal par une fenêtre en trois parties.
Le fait que l’Empereur lui-même est intervenu sur les plans pour ce temple montre l’importance de ce bâtiment à l’époque.
Il est intéressant de voir que sur l’en-tête du papier à lettre du comité pour la construction du temple, on voit encore la proposition originale avec les 5 fenêtres.
Quelques extraits traduits de l'article publié dans le Metzer Zeitung en décembre 1904:
L'inauguration de l'église évangélique nouvellement construite à Queuleu-Plantières, une charmante banlieue de Metz, a eu lieu hier après-midi. Le temps qui régnait hier n'était malheureusement pas exactement propice à cette belle célébration. Le ciel était lourdement couvert de nuages et la pluie tombait doucement sur l'assemblée qui s'était rassemblée devant l'"Erholung" dans la Felsenstrasse (note : la Felsenstrasse ou Rue des Roches est l'actuelle rue de Queuleu). Malgré la météo défavorable et l'heure relativement matinale, une foule très nombreuse s'était rassemblée pour assister à l'inauguration de la nouvelle église.
Monsieur Hildebrand était venu de Strasbourg en tant que représentant du gouvernement de l'État. Nous avons également remarqué la présence du Dr. Freudenfeld en tant que représentant du président de district, du conseiller du gouvernement, le Dr. Bruch et du directeur de district son excellence le comte Villers et du commandant de Metz, le lieutenant-général Von Dresky ainsi que de plusieurs officiers.
Peu après 14 heures, la longue procession a commencé à se diriger vers l'église, qui est située de manière pittoresque sur l'un des points les plus élevés de Queuleu dans la haute partie de la Felsenstrasse (Rue de Queuleu). La fanfare du régiment d'infanterie n°98 de Metz en tête de cortège était dirigée par le chef d'orchestre Firchow qui a interprété la célèbre marche du « Messie » de Haendel. Le régiment était suivi par les jeunes de l'école protestante des deux banlieues, un certain nombre d'ecclésiastiques protestants, les messieurs mentionnés ci-dessus, le comité de construction de l'église, le maire Monsieur Müller avec l'ensemble du conseil communautaire, les membres de la communauté protestante et les invités. Entre-temps, les cloches aussi sonnaient et annonçaient au loin dans le pays qu'un jour de joie s'était levé pour les évangéliques.
La zone autour de l'église, qui est située sur une colline s'élevant de la route donne une impression très agréable de la construction. L'église était décorée de mâts reliés par des guirlandes. Lorsque la procession arriva devant le portail, au-dessus duquel le Sauveur apparut dans un large champ, M. Mohr, au nom de l'architecte Ludwig Levy de Karlsruhe, qui avait conçu l'église, pris la clef artistiquement travaillée et qui preposait sur un coussin précieux pour la remettre au Ministre Hildebrand. Elle fut ensuite remise au pasteur Braun, président consistorial, qui prononça ces mots : "Ouvrez les grilles et élargissez les portes pour que le Roi entre",
L'intérieur du Temple donne une impression très conviviale avec des couleurs claires. Une tribune sur le côté opposé correspond au chœur, sur lequel le magnifique orgue a trouvé sa place. Une seconde tribune s'étend le long du côté. Les fenêtres circulaires peintes, à travers desquelles pénètre la belle lumière du ciel, ont un effet très pittoresque et donne une atmosphère agréable au lieu. La chaire possède de jolies sculptures. Lorsque la congrégation s'est assise, le chœur des enfants accompagné à l'orgue, a interprété "Tut mir auf die Schöne Pforte", un cantique à plusieurs voix très difficile à interpréter.
Ces chants ont été suivis par le discours de consécration prononcé par le président du consistoire, le pasteur Braun. À l'entrée, le pasteur rappelle la pose de la première pierre le 20 octobre 1901, puis, s'appuyant sur le verset biblique, fait l'éloge de la nouvelle église avec son emplacement magnifique, avec sa tour visible de loin. Enfin, le prêtre a imploré la bénédiction et la grâce du Très-Haut sur la nouvelle église et a procédé à la consécration proprement dite du bâtiment. Ensuite, les enfants ont interprété le chant "Seigneur notre Dieu" et le chant de la congrégation "Drei ein'ger Gott". Peu après, M. Tramsen, chanteur de concert, s'est approché du parapet et a interprété un merveilleux air du "Messie" de Haendel avec son baryton accompagné d'orgue et de trombone. Le chœur de l'église de Montigny s'est également mis au service de la noble cause et, avec l'accompagnement de l'orgue, a interprété le poème "Die heil'ge Nacht", écrit par le pieux poète de Stuttgart, le prélateur Gerok. Madame Glob du Sablon a repris la partie solo qui y figurait et, avec sa charmante voix de soprano, a obtenu un grand succès.
La liturgie de l'autel était célébrée par le prédicateur de la paroisse, le père Monse. Le chant de la congrégation a de nouveau retenti, à savoir les deux premiers couplets de l'ancienne chanson de Luther "Un château fort est notre Dieu". Lorsque les accords puissants ont retenti, le Generalsuperintendant Dr Pfeiffer de Kassel, représentant du conseil central de la Fondation Gustav-Adolf, est monté dans la chaire pour prêcher son sermon dans des mots étincelants et saisissants. Dans des paroles éloquentes, l'orateur a décrit le Christ comme la lumière du monde, d'où émanaient chaleur, vie, salut et bénédiction. Le célèbre orateur du haut de sa chaire n'a pas manqué de relater d'intéressantes rétrospectives sur l'histoire de l'Église protestante en Lorraine, sur l'époque où elle fut cruellement persécutée par le duc de Guise, sur la levée de l'Edit de Nantes et de louer la providence de Dieu. Les explications de l'orateur spirituel, qui possède un timbre clair et bien sonore ont fait une forte impression sur les auditeurs.
Nous avons pu ensuite écouter la prière d'action de grâce hollandaise de Kremser, avec le chœur de l'église de Montigny sous la direction du Chef d'orchestre Maglett.
Pour finir, l'organiste Stollewert a joué à l'orgue un prélude de Jean Sébastien Bach. Stollewert s'est avéré être un excellent musicien, qui sut utiliser le merveilleux mécanisme de l'orgue, le roi de tous les instruments, de manière excellente et arriva à combiner un jeu émouvant avec une technique brillante. L'instrument lui-même, une œuvre de la firme bien connue de Dalstein et Härpfer Bolchen (Boulay), doit être considéré comme un chef-d'œuvre dans son genre. Ensuite, l'église s'est rapidement vidée.
Une collecte, dont le produit doit être utilisé pour l'aménagement de l'intérieur de l'église, a permis de réunir la belle somme de 125 marks.
L'invitation à l'inauguration
Source : Archives
Départementales de Moselle
À partir du printemps 1897, les protestants étaient très actifs pour recueillir des dons via la presse locale mais aussi en faisant du porte-à-porte. Cela pouvait susciter quelques rivalités, tensions illustrées par ces deux articles.
Voici un extrait du journal "Le Lorrain" du 15/5/1898 avec un article du père Hartard, curé de Queuleu et la réponse apportée dans le Metzer Zeitung le 17/5/1898 (Source : Archives Départementales de Moselle)
Extraits traduits :
"Dans son numéro du 13 mai 1898, Le Lorrain apporte une lettre du curé Hartard à Queuleu, dans laquelle il est affirmé que l'émissaire, qui collecte des contributions pour la construction d'une église protestante à Plantières-Queuleu, trompe les donateurs catholiques - intentionnellement ou non - en ne parlant que d'une "église à Queuleu" et en éveillant ainsi la conviction qu'il s'agit de l'édifice de l'église catholique à Queuleu qui était visé. Nous rejetons fermement cette hypothèse pour nous-mêmes ainsi que pour le collecteur mandaté par nos soins. Cette collecte est légitime et il est clairement indiqué dans le livre de collecte à remettre aux donateurs, la désignation « Église protestante » qui peut être lue plusieurs fois en allemand. Nous n'attendons pas de gentillesse particulière de la part du curé Hartard, mais nous considérons que ses attaques répétées - nous avons jusqu'à présent ignoré les précédentes, descendues de la chaire - sont d'autant moins appropriées que les évangéliques locaux ont contribué presque sans exception à l'expansion récente de l'Église catholique... Nous exprimons nos vifs remerciements pour les dons généreux que les habitants de Metz ont accordé jusqu'à présent. Le comité de construction pour la construction d'une nouvelle église évangélique à Plantières-Queuleu."
Accident près du Temple
Extrait du courrier de Metz du 3/10/1905
(source : archives départementales de Moselle)
Le courrier d'un lecteur catholique
Extrait du courrier de Metz du 14/12/1904
(source : archives départementales de Moselle)
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